Son symbole dans la table des éléments est Rn et son numéro atomique le 86. Ce gaz naturel radioactif, incolore et inodore fait pourtant partie des risques naturels majeurs qui pèsent sur une partie de la santé des Français. Le radon est, en effet, un risque présent dans tout l’hexagone à des niveaux différents. À ce titre, des mesures de détection et de prévention peuvent être rendues obligatoires selon les cas. Découvrez ci-après tout ce qu’il faut retenir à propos du risque lié au radon.
Qu’est-ce que le radon ?
Le radon est un gaz radioactif naturel. Il est libéré par la désintégration radioactive de l’uranium naturellement présent dans le sol.
Il est incolore, inodore et présent partout, surtout dans les sous-sols granitiques et volcaniques.
Depuis le sous-sol, le radon remonte à la surface par les galeries souterraines et les pores du sol. À l’air libre, le radon est dilué. Mais dans l’atmosphère plus confinée d’un bâtiment ou d’une maison, il peut s’accumuler. Et ainsi atteindre des concentrations élevées. Ce gaz s’accumule dans des espaces clos et peu ventilés, comme les caves ou les vides sanitaires.
Quels sont les risques du radon sur la santé ?
L’Organisation Mondiale pour la Santé (OMS) a classé le radon comme agent cancérigène pour les poumons depuis 1987. Derrière le tabagisme, il s’agit de la seconde principale cause de cancer des poumons en France. Et ce devant l’amiante, un risque auquel le grand public est beaucoup plus sensibilisé.
D’après l’OMS, ce gaz pourrait être à l’origine de 3 à 14% des cancers pulmonaires. La combinaison d’une exposition prolongée au radon et au tabac augmente sensiblement ce risque. D’après Jean-Luc Godet, directeur à la direction des rayonnements ionisants et de la santé à l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), ce risque est multiplié par 25 en cas d’exposition prolongée au radon et au tabac.
Par conséquent, à la question “Le radon est-il dangereux pour la santé » ? La réponse est : “Oui, mais principalement en cas d’exposition prolongée”.
Mais, heureusement, des moyens de prévention existent.
Quelles sont les zones à potentiel radon ?
Si ce gaz est présent partout en France, il présente différentes concentrations. Elles oscillent entre quelques becquerels par mètre-cube (Bq.m3) à plusieurs milliers de becquerels par mètre-cube.
Quel est le taux de radon dans l’air ?
La concentration moyenne du radon dans l’air varie de 5 à 15 Bq/m3.
Parmi les facteurs qui affectent le plus cette concentration, il y a la géologie et en particulier la présence d’uranium dans les sous-sols. De même, certaines caractéristiques du sol peuvent représenter un facteur aggravant. Comme la présence de failles, de mines ou sources hydrothermales.
Ainsi, l’IRSN a divisé le territoire français en 3 zones de potentiel radon des formations géologiques :
- Zones à potentiel de catégorie 1 : les communes classées en catégorie 1 sont des zones qui présentent la concentration la plus faible en radon. On y retrouve les grands bassins sédimentaires comme le bassin parisien et aquitain. Ainsi que les formations volcaniques basaltiques comme le massif central, la Polynésie française et les Antilles.
- Zones à potentiel de catégorie 2 : dans ces zones, l’uranium est présent, mais en faible quantité. Toutefois, la configuration des sols peut être un facteur d’augmentation de la concentration du radon dans les bâtiments.
- Zones à potentiel de catégorie 3 : cette catégorie présente la plus forte concentration de radon du fait de formations avec une teneur en uranium supérieure au reste du territoire (une grande partie de la Bretagne, du massif central ; la Guyane française, Mayotte…). Par conséquent, toute commune située dans cette zone doit faire l’objet d’une information acquéreur et locataire depuis le décret du 4 juin 2018. Dans ces zones, 10% des habitations dépassent les 300 Bq.m3, c’est-à-dire le seuil de référence fixé par l’OMS et la réglementation européenne.
Comment savoir si ma commune est exposée au risque radon ?
Pour savoir si vous êtes concerné par le risque radon, vous pouvez vous référer à cartographie du potentiel radon établie par l’IRSN. Ou vous pouvez consulter l’arrêté du 27 juin 2018 portant délimitation des zones à potentiel radon du territoire français.
Il est également possible de télécharger l’application Radon et Radioactivité de l’IRSN pour accéder à la carte.
Quelles conséquences pour les communes classées en catégorie 3 ?
Selon le type de cas, trois obligations peuvent être imposées sur un bien se situant dans une zone à potentiel radon de niveau 3.
Le dépistage obligatoire dans les Établissements Recevant du Public (ERP)
Depuis le 1ᵉʳ juillet 2018, date de mise en application du décret du 4 juin 2018. Tous les établissements recevant du public (crèches, établissements scolaires, établissements sanitaires et médicaux, sociaux, thermaux et pénitentiaires), présents dans les communes classées à fort potentiel radon doivent faire l’objet d’un dépistage obligatoire.
De même, les structures situées dans des zones de niveau 1 et 2, mais dont le mesurage avant le 1ᵉʳ juillet 2018 a révélé une concentration supérieure à 300 Bq.m3. Sont également concernées par cette obligation lors du renouvellement du dépistage tous les 10 ans.
Les travaux obligatoires
En cas de dépassement du seuil de référence lors du dépistage, des travaux visant à limiter la concentration du radon dans le bâtiment sont obligatoires.
Il existe plusieurs techniques complémentaires dont l’objectif est de diluer sa présence à l’intérieur des bâtiments en :
- Réduisant son entrée par une bonne étanchéité : ces travaux consisteront essentiellement à colmater les fissures au niveau du plancher, des sous-sols et des passages de canalisations ;
- Améliorant la ventilation du sol situé sous le bâtiment : mise en dépression ou ventilation du vide sanitaire, drainage ;
- Aérant les pièces au moins 10 minutes par jour et en vérifiant la qualité des systèmes de ventilation mécanique (VMC).
Une fois les travaux réalisés, un nouveau dépistage devra être effectué.
L’information acquéreur et locataire sur le risque radon
“La loi du 30 juillet 2003 a institué une obligation d’information des acquéreurs et locataires (IAL). Le propriétaire d’un bien immobilier (bâti ou non bâti) est tenu d’informer l’acquéreur ou le locataire du bien sur certains risques majeurs auquel ce bien est exposé. Au moyen d’un état des risques, ceci afin de bien les informer et de faciliter la mise en œuvre des mesures de protection éventuelles.” (source : georisques.gouv.fr).
Tout propriétaire ou bailleur est donc tenu de remettre un Etat des Risques et Pollutions (ERP) au futur acquéreur ou locataire. Afin de l’informer des risques auxquels ce dernier pourrait être exposé.
Pour obtenir cet état des risques, il peut se tourner vers :
- le service mis en place par le Ministère de la Transition Écologique, l’ERRIAL. Pour Etat des Risques Réglementés pour l’Information des Acquéreurs et des Locataires
- un diagnostiqueur immobilier
- un cabinet d’urbanisme comme Terra nota
Comment peut-on le détecter ?
Conformément aux recommandations en vigueur, il est fortement recommandé de mesurer le taux de radon pour les biens localisés dans une zone à potentiel radon de niveau 3 (mais non obligatoire).
La mesure du radon est une opération peu coûteuse si vous optez pour un dépistage par vos propres moyens à l’aide d’un dosimètre radon.
Vous pouvez également faire appel à un professionnel du bâtiment. Ou à un bureau d’étude agréé par l’ASN qui vous prodigue des conseils en matière de diagnostic et de réduction de votre exposition à ce gaz naturel dangereux.